Nagarkot - 28 février 2004

Publié le par Christine Régnier

Lieu par tradition pour les escapades des amoureux, Nagarkot se perche sur une colline à 30 km  de la capitale. De là, on a une vue sur le plus large panorama himalayen. Les hôtels y sont accrochés à flanc de montagne abrupte et le rituel veut que l’on y passe la nuit pour voir le lever de soleil sur le toit du monde.

Le trajet en bus local nous a fait traverser des paysages splendides dont je ne me lasse pas même s’ils me sont maintenant familiers. Les premières taches de verdure au sortir de l’enfer de KTM offrent toujours le même bonheur. Le printemps fleurit de rose et de jaune chaque petit coin de verdure : pêchers et moutarde… Après la plaine agricole, le bus relativement confortable - plein comme un œuf évidemment - attaque une route en lacets qui serpente entre les cultures en terrasses jusqu’à 2000 mètres d’altitude (KTM est à 1200 m), au son inévitable des musiques traditionnelles diffusées par la radio ! Les petites maisons aux toits de chaumes et aux murs de terre peints en ocre jalonnent les cultures, d’immenses eucalyptus et de gros bouquets de bambous déploient leurs silhouettes majestueuses de parapluies géants naturels au dessus de nous et se découpent sur les flancs lointains des pentes. Nous traversons un endroit qui ressemble à s’y méprendre aux replis du Lubéron ! Puis un autre où je me crois soudain au cœur de la Provence, à l’ombre d’une pinède où même le parfum est identique ! Puis nous retrouvons les terrasses exotiques et le dépaysement… Les lignes graphiques de ces cultures courbes alternant avec des petits carrés vert vif me fascinent. C’est d’une beauté à couper le souffle. À chaque virage en lacet, ouverte au dessus de l’abîme panoramique, une petite cahute au toit de chaume propose thé et rafraîchissements... Là, on a la certitude de ne pas rêver : on est bien au Népal et non en Provence !

Nous faisons halte quelques secondes pour qu’une partie des passagers monte sur le toit du bus : ils ont la foi, ceux-ci ! Dans les virages que le chauffeur prend sans ménagement, je me demande si on ne va pas perdre quelques touristes !

L’air devient pur, le ciel est limpide, les oiseaux sont déchaînés, les abîmes se creusent et nous nous élevons vers les crêtes.

Nagarkot est un petit village typique avec ses minuscules boutiques qui vendent de tout, avec ses paysans, ses enfants plus ou moins sales mais toujours aussi rieurs, ses femmes vêtues de couleurs vives, son camp militaire… et ses nombreux hôtels plus ou moins luxueux.

Je suis mon « guide » (qu’est-ce qu’il marche vite !) dans une large allée sous les pins aux parfums de Provence, jusqu’à un hôtel de charme fraîchement peint de gris et de blanc, suspendu au bord du vide d’où nous dominons des collines couvertes de terrasses à perte de vue… La baie vitrée de ma chambre (avec enfin un vrai bon lit et un bon matelas !) donne sur le panorama incomparable : l’Himalaya. En dessous de nous se déploie le jardin en escaliers, puis, derrière les pêchers en fleurs, les cascades de cultures vertes et jaunes parsemées de constructions aux toits plats donnent la touche finale à ce décor de rêve. Le silence est quasi-total, les milans tournoient calmement dans le vent frais du soir, un enchantement !

Au petit matin, je m’éveille avant le jour pour attendre le lever du soleil comme si je ne l’avais jamais vu.

Le soleil fait son apparition non sans me rappeler les instants magiques vécus au sommet de la Montagne de Lure ! Mais la chaîne qui se dévoile sous mes yeux a une telle grandeur !  

Petit déjeuner traditionnel sur la terrasse de l’hôtel, je suis en extase devant le spectacle légendaire : les hauts sommets enneigés derrière les flocons roses des pêchers, et les milans qui sont toujours là et me fascinent… Un moment de paradis, inoubliable…

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