Cérémonie bouddhiste à Swayambunath - Mars 2004

Publié le par Christine Régnier

Je me suis rendue à Swayambunath sur suggestion d’un ami. Il m’a emmenée dans un très grand monastère, où est actuellement un maître réalisé et où se déroulent donc des cérémonies spectaculaires tout au long du jour.

Nous sommes arrivés dans la douce et belle lumière du matin. Il y avait là une foule de Tibétains (entre 1500 et 2000) dont la ferveur était palpable. J’ai rencontré un homme qui s’est adressé à moi en français : Brésilien qui vit en France depuis 27 ans, bouddhiste et ami du grand lama. Il m’a proposé de m’introduire auprès de ce saint homme, ce qui était déjà le projet de Lopsang. J’avais donc deux guides… Nous sommes montés sur la terrasse, au troisième étage du monastère, et avons attendu au soleil que le lama puisse nous recevoir. Lopsang m’a donné une khata (écharpe en soie de couleur blanche ou paille) à présenter au lama pour recevoir sa bénédiction. Je me sentais assez impressionnée, d’autant que le Brésilien m’avait fait toute une description de l’état d’éveil du lama en question, après celle que m’avait faite Lopsang… Au bout d’un moment, nous sommes entrés dans la pièce, et je n’aurais pas été aussi intimidée si je n’avais vu l’attitude de dévotion et de déférence de mes deux guides. Je ne savais comment me comporter, j’avais peur de commettre des impairs offensants, bref… Je n’étais même pas dans mes petits souliers… puisque j’étais pieds nus !

Il m’a fait signe de m’approcher, je lui ai tendu ma khata en m’inclinant respectueusement, il me l’a passée autour du cou et a posé sa main sur ma tête. C’est ce contact empreint de bienveillante bonté qui m’a le plus émue. Puis il a sorti une petite boîte d’où il a pris une minuscule cuillerée de graines noires et me l’a tendue. Je ne savais pas si je devais ouvrir la bouche ou tendre la main… J’ai ouvert la bouche : tout faux ! Il fallait que j’ouvre ma main pour recevoir les précieuses graines, bénies, sacrées, à mettre dans ma bouche. Si je ne me suis pas trompée, ça devait être de la chicorée (ce n’était pas bon !). Le lama a demandé si je voulais dire quelque chose et je me suis sentie encore plus sotte : je n’avais rien à dire. Il nous a donné une petite bouteille d’eau gazeuse bénie. Nous sommes sortis à reculons en nous courbant. Je me sentais « toute chose ».

Puis nous sommes descendus au second étage, dans un grand temple (je n’en avais jamais vu de si grand !), splendidement décoré évidemment, complètement rempli de Tibétains assis côte à côte au sol (plus d’un millier de personnes). Le lama était installé sur son trône et tout le monde lui montrait une telle dévotion ! Là, les chants ont commencé, me soulevant de terre et me plongeant en moi à la fois… Une beauté bouleversante montait de la mélodie de cette pieuse assemblée et l’émotion m’a submergée, telle celle vécue à Chairok à notre arrivée. Cette impression rare d’être « à la maison », cette maison que je ne connais pas bien, qui réside au plus profond de moi, que je n’ai visitée que quelquefois et qui pourtant est vraiment la mienne… Les larmes ruisselaient jusque dans ma chemise et je ne pouvais (ni ne voulais) réprimer les sanglots profonds qui jaillissaient pas vague. J’aurais pu rester là assise toute la journée. Lopsang était derrière moi et je savais qu’il allait mal réagir à mes larmes, perçues négativement dans les cultures tibétaine et népalaise. Effectivement, quand nous sommes sortis à la fin du chant, je continuais à pleurer, n’ayant aucune envie de réfréner ce mouvement régénérateur, et Lopsang était très mal à l’aise. J’ai tenté de lui expliquer que c’était une bonne sensation, que je me sentais tellement bien, calme, propre, comme lavée de l’intérieur… Difficile à comprendre pour lui. Il m’a dit que les gens le regardaient d’un drôle d’air, pensant qu’il était la cause de mes larmes !

Publié dans Culture

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